Notre chroniqueur littéraire Robert Linas nous propose ce dimanche de découvrir l'écrivain Jean-Pierre Meyer, qui "promène son sac de vie en vie ".
- Jean-Pierre Meyer, qui êtes-vous ?
- Pour sûr un éternel errant qui promène son sac de vie en vie. Le dépose par ici ou bien par là. Rencontre, partage, échange, imagine. Puis reprend sa charge. La vie serait bien trop simple si elle n’était pas multiple ! C’est ce qui en fait richesse et intérêt. Je suis né dans le Lot-et-Garonne. Des études de décoration ( je voulais être décorateur de théâtre) , puis de communication à l’Ecole Supérieure des Arts Modernes de Paris… Un exil provisoire de…25 ans ! Concepteur Graphiste dans divers studios et agences de publicité. Puis l’aventure exaltante de ma propre structure… et le retour sur les sentes de l’enfance, « les petits chemins qui sentent la noisette »… Ô mon païs !
- Et comment de la pub en vient-on à l’écriture ?
- Par un long cheminement improbable. Pas tant que ça finalement, avec une certaine logique même : je me suis évertué des années durant à créer et associer des mots et des images… et vint ce jour inattendu où les mots devinrent les plus forts et s’imposèrent à la force du poignet. De mes petits poignets. Des mots en rafales…ils devinrent même pressants au point que je n’avais d’autres choix que d’en accoucher. Même si ce fut en vérité bien plus compliqué ! « Etant jeune, j’ai toujours su que je ne m’accomplirais complètement qu’une fois franchi le cap de cinquante ans et que, tant que je n’aurais pas atteint cet âge, je ne serais pas en possession de l’outil dont j’avais besoin. » nous confie Louis Nevelson. Je n’en suis pas si éloigné !
- Et cet accouchement ?
- J’ai accouché dans la joie ! Mais dans le doute aussi. Il reste permanent. Ma rencontre avec ma première éditrice Martine Faïn fut déterminante. « Queues de poissons » un premier livre de nouvelles sera porté sur les fonds baptismaux. Puis, je publierai « La plume de l’ange », mon premier roman, chez Chloé des Lys. Puis « La passante de l’Odéon », un second roman suivi dernièrement par un ouvrage de 30 nouvelles pétillantes : « Valentin Marmottin & autres vagabondages » : ça fait sourire, ça interpelle, ça émeut, ça pique, ça démange, ça dérange, ça caresse… Et puis un jour vint cette commande inattendue pour la réalisation d’une biographie…
- Un tournant ?
- Pas vraiment un tournant mais une nouvelle porte à entrebâiller, à pousser doucement. Un nouveau seuil à franchir avec derrière des nouvelles rencontres, du beau, du tragique, du soleil, de l’ombre, des tempêtes et heureusement de belles éclaircies. Et de bien belles personnes. La vraie vie. Des gens qui me confient leurs souvenirs et ensemble, pas après pas, mots à mots, nous rédigeons leur ouvrage. Pour laisser de leur vie, témoigner, transmettre, raconter, se confier… C’est un extraordinaire moment de partage, d’échanges, de pudeur, de sensibilité, d’émotions et quel bonheur d’apporter le livre terminé à chacun d’eux. Et de s’éclipser ensuite tout doucement de leur vie. A pas feutrés. Pom pom pom… comme on était arrivé. La plupart deviennent ensuite des amis et l’on a grand plaisir à se retrouver. Et la vie continue.
- Et que fait Jean-Pierre Meyer quand il n’écrit pas ?
- Mais il vit ! Je marche, je grimpe, je saute à pieds joints, j’escalade, je rêve, je caresse les étoiles ! J’ai toujours eu le besoin d’aller toujours voir… de l’autre côté ! Et quand j’y suis parvenu… je m’aperçois qu’il y a encore un autre côté à gagner ! Comme le dit Théodore Monod : « Tant que les pattes de derrière fonctionnent, il faut s’en servir. »
- Avec quand même de nouveaux projets en tête ?
- Oui, sans projet on est un mort-vivant ! Je suis en train de travailler sur deux nouveaux romans « Le doux baiser de la vipère » et « Le passeur d’écailles ». J’ai également en cours des biographies familiales pour des particuliers. J’ai aussi très envie de mettre en place un concept original de manifestation littéraire, musicale, gourmande avec l’aide de quelques joyeux comparses de plume. Cela me tient à cœur. Mais chut… ! Un projet de recueil de poèmes à deux mains avec un autre auteur : « L’Amour ne passera pas l’hiver ! » est aussi en gestation… et tellement de rêves et d’étoiles qui me pressent aussi ! Mais, « La pensée vole et les mots vont à pied. Voilà le drame de l’écrivain. » avoue Julien Green! Il ne me reste donc qu’à alléger mes pauvres mots, un peu pesants et rebondis et les inciter à tenter un décollage improbable…vers ma pensée qui filoche grand vent ! C’est bien loin d’être gagné !